Qui, parmi les habitués du Divan, la salle de concerts de la rue des Martyrs à Paris, sait que le strip-tease y a été inventé ? Le strip-tease inventé au divan, ça ne s'invente pas.En 1894, la salle est un music-hall appelé « le Divan Japonais ». Cette année-là, il programme un sketch chantant : Le Coucher d'Yvette. Un spectacle révolutionnaire : sur scène, une actrice se déshabille avant de se mettre au lit. Le gilet, puis la robe, pièce par pièce, comme quelqu'un qui va se coucher. Rien de plus, pas de contorsions suggestives. Mais elle va au bout. On n'a jamais vu ça. La fille s'appelait Blanche Cavalli. On ne sait rien d'elle, sinon que ses parents étaient italiens. En 1897, la première réalisatrice de cinéma la française, Alice Guy-Blaché, tourna la version cinéma du Coucher d'Yvette pour la Elge . Un court-métrage qui semble introuvable dans les archives Elge comme le reste de la production d' Alice Guy
Quelques mois plus tard, l'idée franchit l'Atlantique en même temps qu'Alice Guy. Les premiers pas du strip-tease US sont difficiles, perturbés par le puritanisme. Au Mason Opera House de Los Angeles, Anna Held se désape derrière un écran dans un numéro intitulé "I'd like to see a little more of you". Anna Held est la femme de Florenz Ziegfield, le célèbre organisateur du spectacle des "Ziegfield Follies"que l'on retrouvent dans plusieurs films d'Alice Guy .Dans un cabaret de New-York, une certaine Mae Dix pète un câble pendant un rappel triomphal et déboutonne son corsage sur scène. Ce qui lui vaudra une amende de dix dollars pour indécence.1894 est donc l'année de naissance du strip-tease et ça se passait au Divan. Pourtant, d'après certaines sources, en 1893 au Moulin Rouge, la soirée du Bal des Quat'Z'Arts aurait été animée par une nommée Mona, dans le civil modèle nue pour peintres et sculpteurs, qui montra presque tout sous l'effet du champagne. Mae Dix et Anna Held, les pionnières américaines, avaient-elles eu connaissance du show de Blanche Cavalli ? Possible : on sait qu'en 1894, Anna Held vivait à Paris où elle se faisait entretenir par un joueur professionnel argentin nommé Maximo Carrera. Blanche Cavalli elle-même avait-elle assisté au Bal des Quat'Z'Arts et à l'effeuillage de cette fameuse Mona ? Le Divan n'est qu'à deux pas du Moulin Rouge. Ces questions capitales dans l'histoire de l'art n'auront sans doute jamais de réponses. Quant à Alice Guy-Blaché, la réalisatrice du Coucher d'Yvette, née la même année qu'Anna Held en 1873 mais décédée en 1968!), elle passa d'une super-production historique de trois cent figurants : La vie du Christ au court metrage de charme puis retournera a la superproduction américaine avec les "Ziegfield Follies"
Divan du Monde rue des Martyrs
Au début du XIXe siècle se trouvait là un bal appelé la Musette de Saint-Flour. Il devient vers 1861 la Brasserie des Martyrs, fréquentée notamment par Charles Baudelaire ou Jules Vallès[1]. Celle-ci est remplacée en 1873 par un café-concert baptisé Le Divan Japonais par son propriétaire Théophile Lefort en raison de son décor japonisant. Son successeur, Jules Sarrazin, fait aménager au sous-sol une seconde salle appelée Temple de la Bonne Humeur. Yvette Guilbert, engagée en 1891, se fait un nom au Divan Japonais. Dranem s'y produira également. On y joue en 1894 la pantomime Le Coucher de la Mariée où l'on voit pour la première fois sur scène une femme « nue » (c'est-à-dire en maillot rose quelque peu transparent), ce qui fait scandale[2]. Toulouse-Lautrec et Adolphe Léon Willette, puis Pablo Picasso, sont des habitués de l'établissement.
En 1901, le Divan est transformé en Théâtre de la Comédie Mondaine. Il est remplacé bien plus tard par un cinéma spécialisé dans les films pornographiques[3].
En 1994, ce lieu rouvre ses portes sous le nom de Divan du Monde, pour accueillir essentiellement des concerts consacrés aux musiques du monde.
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